Un film à voir au cinéma : « Comment j’ai détesté les maths »
Je suis allée au cinéma ce week-end pour voir le film d’Olivier Peyon « Comment j’ai détesté les maths ».
Ce film-documentaire montre au public le pouvoir qu’ont les maths dans notre société et nous interroge sur ce pouvoir.
Voici mon analyse du film que je conseille à tous d’aller voir !
VIDEO INEDITE OFFERTE : |
https://youtu.be/Z_r6dv3HQ2M&w=480&h=360
Pourquoi doit-on faire des mathématiques ?
C’est la question que le film pose sans le dire au public.
Penses-tu qu’on doive faire des maths :
- pour avoir des points pour décrocher un diplôme (bac par exemple) ?
- parce que les maths sont belles ?
- parce que les maths sont importantes ?
- parce que les maths dirigent le monde ?
Pour moi la réponse serait la suivante : on doit faire des maths à l’école parce que tout ce qui nous entoure est fait de maths (les calculs de tous les jours, les cartes à puces, les téléphones, les ordinateurs…) et parce que ça forme les jeunes à voir l’abstraction, à comprendre le monde autrement.
Cédric Villani, médaille Fields 2010
Cédric Villani est interviewé à maintes reprises dans ce film.
C’est un grand mathématicien français qui a eu un succès médiatique considérable et pour cause : il a reçu la médaille Fiels en 2010 pour ses recherches mathématiques.
La médaille Fiels est l’équivalent du prix Nobel en maths.
Le film l’a suivi lors de la remise de sa médaille en Inde. Le personnage vaut vraiment le détour car Cédric Villani est atypique et fascinant !
A quoi ça sert d’étudier un spaghetti sur un tapis roulant ?!?
Le film nous montre une application concrète des mathématiques : pour qu’un bateau mette un câble au fond de la mer pour relier un pays à internet par exemple, à quelle vitesse doit-il le faire pour que le câble ne cède pas s’il est trop tendu ou pour qu’il ne soit pas trop long (par souci d’économie) ?
Hé bien, un chercheur-mathématicien fait l’étude d’un filet de miel (ou d’un spaghetti) qui coule sur un tapis roulant à différentes vitesses. C’est ce qu’on appelle « modéliser » : on ne peut pas étudier le fond des mers, alors on copie le même modèle mais à un niveau que l’on peut étudier.
C’est ce que tous les enseignants devraient faire avec leurs élèves : leur montrer à quoi servent les théorèmes. Mais j’avoue moi-même en tant qu’enseignante que ce n’est pas toujours facile de tout expliquer et de toujours donner un sens à une notion mathématique. Mais quand je le peux, je le fais et clairement les élèves savent mieux pourquoi ils appliquent tel ou tel théorème.
Pourquoi les mathématiques sont-elles si détestées et traumatisantes ?
Combien de réactions ai-je déjà entendues lorsque je dis à mes interlocuteurs que je suis PROF DE MATHS !
Les réponses sont très majoritairement du même ordre :
- « Ouh la, comment tu fais ? Mes respects ! »
- « Moi j’ai toujours été nul(le) en maths à l’école ».
- « Les maths c’est trop dur, j’y suis jamais arrivé(e) , je ne sais pas comment tu fais ! ».
On voit toujours des jeunes qui détestent les maths mais aussi des enseignants dévoués qui essaient de les faire aimer aux élèves.
C’est le cas de cet enseignant en maths sup au look de cow-boy, François Sauvageot, qui essaie de faire comprendre l’abstraction à ses élèves et les fait s’interroger.
Pourquoi les mathématiques ont-elles tellement de pouvoir ?
Si les maths ont traumatisé des générations entières d’élèves, c’est parce qu’elles ont un énorme pouvoir dans notre société.
En France, on sélectionne avec les maths. Si tu es mauvais en maths, tu n’as quasiment aucune chance d’accéder à des études d’élite.
Et en même temps, tout autour de nous est fait de maths. D’où l’importance de montrer à tous les élèves du monde entier que les maths sont dominantes dans tout ce qu’ils touchent.
Alors toi, penses-tu qu’on doive garder tout ce pouvoir aux maths ?
Penses-tu qu’on doive toujours sélectionner les élèves grâce aux maths ou trouves-tu cela injuste?
Pourquoi, à ton avis, la filière S en France est-elle la plus prisée ? Hé oui, parce qu’il faut faire des maths si on veut ouvrir plus de portes ! Cette (triste ?) réalité est toujours d’actualité aujourd’hui encore.
Les mathématiques sont-elles dangereuses ?
C’est ce que montre le film à la fin : la crise des subprimes aux Etats-Unis en 2007 qui a touché l’ensemble de la planète est, selon les grands financiers interviewés, une conséquence des maths.
En effet, les institutions financières ont trop fait confiance aux modèles mathématiques et les risques n’ont pas été suffisamment mesurés.
Résultat : une crise économique mondiale : hausse du prix du pétrole et des produits agricoles, hausse du chômage, inégalités croissantes, bref on en ressent encore les effets aujourd’hui, notamment en Europe.
Cet aspect du film est encore flou pour moi.
Pour ma part, je reste à penser que l’erreur n’est pas mathématique mais humaine. Si le risque n’a pas été maîtrisé c’est sûrement parce que les hommes qui ont fait ce modèle financier ont oublié d’y incorporer tous les risques. Mais ce n’est que mon avis à mon petit niveau et je suis loin de pouvoir imaginer tous les mécanismes qui ont engendré cette crise.
Enfin un nouveau film au cinéma sur les mathématiques !
Je suis ravie d’avoir vu un nouveau film sur les mathématiques car ils sont plutôt rares !
Après les films « Will Hunting « , « Un homme d’exception » ou encore « Cube » que j’ai particulièrement appréciés, je vous conseille d’aller voir « Comment j’ai détesté les maths » si vous le pouvez.
Le film « Comment j’ai détesté les maths » vous montrera le monde des matheux comme vous ne l’avez jamais vu. Il est très enrichissant et intéressant.
Peut-être légèrement long pour des jeunes mais au moins vous aurez vu et appris des choses intéressantes en ressortant de la salle.
Exprime-toi maintenant !
Que penses-tu de la puissance des maths dans notre monde ? La trouves-tu normale ou injuste ?
Fais-nous partager ton avis en laissant ton commentaire juste en-dessous !
L’hégémonie des maths est contestable car elle ne remplit pas le rôle premier de l’école : celui de former des citoyens. Bien que les maths soient utiles, pour développer certaines compétences de réflexion et pour travailler dans un cadre rigoureux, sa suprématie est problématique. N’est-il pas alarmant de voir des jeunes lycéens en terminale S, très compétents en maths, mais complètement inconscients sur l’intérêt des maths ? Ces mêmes jeunes, qui appliquent bêtement des théorèmes et qui ont un avenir sûr grâce à cette maîtrise, sont de ceux qui ne voteront pas avec conviction une fois majeur.
En effet, la tendance à vouloir créer une élite principalement scientifique est néfaste car les matières qui forment à la citoyenneté sont dénigrées : beaucoup de S considèrent et méprisent l’intérêt de l’histoire/géographie, de la philosophie ou encore des langues vivantes. Pourtant, ce sont ces matières qui forgent une conscience citoyenne aux jeunes : avoir un recul vis-à-vis du monde qui les entoure, avoir une ouverture sur les cultures du monde entier grâce aux langues (les langues ne sont pas qu’un outil de communication)…
Les maths ont donc un intérêt mais celui-ci devrait être beaucoup plus expliqué en cours. Je cite ma prof de maths : « Ne cherchez pas à comprendre la philosophie des choses, appliquez et c’est tout ». Voici ce qui laisse perplexe… non, nous ne sommes pas de simples exécutants.
Les autres matières du lycée sont aussi importantes que les maths pour comprendre le monde qui nous entoure, je suis d’accord avec toi et te remercie pour ton commentaire.
As-tu vu le film ?
Je suis professeur de mathématiques et je ne suis absolument pas d’accord avec cette collègue qui dit « Ne cherchez pas à comprendre la philosophie des choses, appliquez et c’est tout. »
La plaie de l’enseignement actuel, issu du grand tournant de 1981, est de faire « appliquer » bêtement des recettes, s’interdire d’apprendre le raisonnement (j’ai vu et entendu un proviseur dire à un professeur de mathématiques qu’il n’est pas question qu’il apprenne à ses élèves de « S » à raisonner !), et ne plus être une personne cultivée, pensante et douée de conscience !
J’ai vu des élèves de Terminale S avec 18 de moyenne, mention TB au baccalauréat, se retrouver dans une Math Sup parisienne avec 2 – 2,5 de moyenne, etc !
On fait croire à des jeunes qu’ils seront scientifiques, que c’est facile, et la majorité des lycéens fait effectivement « S ». Mais la réalité est tout autre.
J’ai voulu aider une élève de Seconde d’un excellent établissement qui voulait être astronome… Elle ne connaissait absolument rien aux identités remarquables (3e actuelle) ni même mettre deux fractions (littérales, il est vrai) au même dénominateur !
D’autres rêvent de devenir astrophysiciens parce qu’ils ont admiré les belles photos sur papier glacé de M. Hubert Reeves et se retrouvent… sage-femme ou autre ! (encore heureux…)
Bonjour,
J’ai vu ledit film et je l’ai trouvé intéressant même s’il ne m’a pas réconcilié avec les maths … Je suis actuellement en math sup à Gustave Eiffel Bordeaux et je me replie de plus en plus sur mes positions concernant les maths et je ne sais pas vraiment quoi faire … je suis un littéraire, un amoureux de la philosophie mais j’aime les technologie et j’aimerais manager des équipes dans l’automobile. J’ai obtenu la mention très bien au bac avec un miraculeux 13 en math( mais on sait qu’ils ont gonflé les notes …). Le problème c’est qu’en math je souffre, j’ai 10 de moyenne en prépa, ce qui est très correct par rapport à mes camarades, mais 6,5 en math ( là fond du classement). Je ne survis que grâce au Français et à mes facilités en langue. Mes profs sont de très grandes qualité, là n’est pas le problème, mais mon prof de math ne pense que math pur, il estime qu’il est rassurant de sortir du français pour ne parler qu’en math … Je suis allé lui parler en début d’année de mes difficultés mais cela ne semblait pas l’alarmer outre mesure. Mais mon profil est de ce fait complètement déséquilibré et je crains qu’il ne fasse barrage … Cette haine des maths me bloque aussi dans les autres matières scientifiques où dès lors que le calcul arrive je perd tout mes moyens … En physique je suis assez bien classé malgré des partis calculs apocalyptiques, mais en science de l’ingé c’est la catastrophe, je ne peux récupérer des points que sur l’analyse et la conception. J’ai ceci en moi depuis la cinquième où la professeure m’avait pris pour un pseudo génie et me faisait faire des exercices avancés pendant qu’elle faisait cours à mes camarades. Cela m’a isolé et depuis je n’arrive plus à raccrocher les wagons et maintenant que mon futur dépend des maths je me sens très mal à chaque colle, à chaque DS et je ne supporte plus cette situation alors que je suis 18 ème sur 50 avec cet handicap ce qui normalement devrait me permettre de passer…Je précise que j’ai probablement des lacunes immenses car depuis la 5ème je n’ai plus vraiment ouvert mon cahier de math.
Que faire ? Comment puis-je reconstituer un niveau correct en math malgré tout le travail que la prépa demande à côté ?
Merci d’avoir lu.
Il faut déjà essayer d’être moins angoissé vis-à-vis des maths et être plus léger dans ton approche des maths. DESTRESSE !
Ensuite, si tu dis que n’ouvres plus tes cahiers de maths, hé bien il faut maintenant t’y mettre. Tu ne peux pas raccrocher si tu ne maitrises pas tes cours.
Heureusement que tu arrives à t’en sortir ailleurs, cela devrait te permettre d’être plus « cool ».
Retente une approche avec ton professeur de maths, insiste pour lui parler de tout ça, je suis sûre qu’il y a une solution.*
Déjà quand tu seras moins angoissé, ça ira déjà mieux.
Je te souhaite en tout cas beaucoup de courage pour ces études difficiles mais ne t’inquiète pas trop quand même.
Si vous n’avez pas ouvert de cahier de mathématiques depuis la 5e, objectivement, avec cette absurdité de l’Education nationale qui a viré de bord depuis Mitterrand en 1981 et continue dans sa descente vers l’abîme, vous avez obtenu un baccalauréat « scientifique » en apparence excellent, et vous retrouvez en fait totalement inapte à suivre et à maîtriser un cours de mathématiques en CPGE scientifique ! Je connais personnellement le cas d’une « major » d’Académie, qui a obtenu 20/20 de moyenne générale au bacc S 2011, admise en CPGE au Lycée Louis-le-Grand à Paris, et s’est inscrite un an après, à l’automne 2012, en médecine !
Vous ne devriez pas concevoir de haine pour les mathématiques, ce ne sont pas elles les responsables, mais les politiciens qui ont nui à la France et à sa jeunesse et son avenir dès le grand tournant démagogique de 1981.
Vivement 2017, mais y aura-t-il un véritable homme d’Etat, dévoué et patriote, pour redresser la barre ? Y aura-t-il aux postes de responsabilité des gens dévoués et honnêtes, qui serviront le pays et le peuple au lieu de se servir ?